Le ras-le bol généralisé des chauffeurs de taxi

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Le ras-le bol généralisé des chauffeurs de taxi
PAPEETE, le 9 août – A Tahiti, de nombreux chauffeurs de taxi tirent la sonnette d’alarme face à la concurrence déloyale. Alors qu’ils doivent se soumettre à un examen professionnel et payer de nombreuses charges, des individus s’improvisent chauffeurs de taxi et absorbent une partie de la clientèle.

Pour les chauffeurs de taxi de Tahiti, la situation est devenue compliquée. Alors que leurs confrères métropolitains se heurtent depuis plusieurs années à l’arrivée sur le marché des applications de type Uber, ils constatent que sur le fenua, de nombreux particuliers empiètent sur leur domaine en tarifant des courses sans en avoir ni la capacité légale, ni le diplôme adéquat. Comme nous l’explique un professionnel: "Nous constatons ce phénomène. Notamment à la sortie des discothèques le week-end. Pensant que cela leur coûtera moins cher, les usagers se font ramener chez eux par des chauffeurs non certifiés. Cela passe par le copinage, le bouche à oreille et ça se fait de la main à la main. Nous en avons marre car, pour exercer notre profession, nous avons tous dû passer un examen professionnel." En effet, pour obtenir un certificat de capacité à la conduite d’un taxi, il faut se soumettre à plusieurs obligations. La principale condition, bien évidemment, est d’obtenir l’examen qui est constitué de deux étapes. La première consiste en un examen écrit d’une quarantaine de questions. Si le résultat de celui-ci s’avère positif, le candidat doit alors passer un oral devant un jury de cinq personnes face auquel, il doit, entre autres, démontrer sa capacité à s’exprimer en français, en tahitien et en anglais. Une fois l’examen obtenu, les chauffeurs de taxi font face à une réglementation très stricte, "Nous sommes très surveillés, bien encadrés et régulièrement contrôlés. Tous les six mois, nous devons effectuer un contrôle technique. Sans quoi nous ne pouvons continuer d’exercer notre profession. Il y a un réel suivi qui passe aussi par le contrôle de la propreté de nos véhicules et de nos tenues vestimentaires." Les chauffeurs de taxi, outre l’examen, doivent payer une patente et s’acquitter d’une assurance tous risques dont le coût diffère selon le véhicule. Pour assurer un van par exemple, cela revient à 146 000 Fcfp par an. Comme nous l’explique un chauffeur basé à Papeete, "Dans le véhicule d’un particulier, le moindre dégât physique ou matériel est à la charge de l’usager. Ce qui n’est pas notre cas puisque nous sommes des professionnels et que nous sommes couverts comme tels. Tout est pris en charge, des lunettes cassées au bagage endommagé."


Contrôles
Bien que la Direction des Transports Terrestres (DTT) applique une réglementation sérieuse et régulière, il lui est difficile d’endiguer le phénomène car elle est uniquement apte à contrôler des véhicules professionnels. Comme nous l’indique Chantal Serra, la directrice des transports terrestres: " Nous ne pouvons contrôler les véhicules de particuliers. Mais nous prenons en compte toutes les plaintes que nous recevons et nous les transmettons au procureur de la République. Cependant, il est important de rappeler aux usagers que la tarification des taxis est déterminée et qu’ils doivent y avoir accès dans chaque véhicule. Qu’ils n’oublient pas de demander une facture pour être sûr que le tarif demandé est en adéquation avec les prix arrêtés au préalable."

Pour les chauffeurs de taxi, la concurrence ne se limite pas au cas évoqué précédemment. Deux d’entre eux nous expliquent devoir faire face à une forme de "racolage" faite par les professionnels travaillant pour des agences, "Lorsqu’un chauffeur travaille pour une agence, il fonctionne sur la base des réservations et donc avec une liste de clients prédéterminée. Mais nous remarquons que certains d’entre eux, qui doivent normalement s’en tenir à leur liste, proposent leurs services de manière aléatoire en faisant mine de rajouter des noms sur la leur. Et cela nous fait perdre des clients. De plus, pour accéder à l’aéroport ou au port, nous devons payer des droits." Les chauffeurs remarquent aussi que certains ne s’encombrent pas et s’affichent librement, tel le cas de cette femme qu’ils ont remarqué depuis quelques temps. "Au port, elle se positionne au niveau des arrivées et porte un panneau indiquant: shuttle to airport and hotels, c’est-à-dire "navette pour l’aéroport et les hôtels". Les anglo-saxons, notamment, sont habitués à ce type de prestations. Alors, ils tombent dans le panneau sans savoir que la personne en question n’est pas assermenté pour proposer cela."


Avenir
Le contrôle de la concurrence dans ce secteur semble donc délicat. Mais cela pose également deux questions importantes. La première naît du constat que l’accès aux transports ne semble pas équitable pour tout le monde. En effet, dans certains endroits enclavés, moins accessibles que les grandes communes, il est parfois difficile de se déplacer si l’on ne possède pas un véhicule. La seconde pose la question de l’avenir des taxis en Polynésie. Car l’on peut constater qu’avec l’évolution des technologies et des mentalités, de nombreux pays ont déjà choisi d’autoriser d’autres formes de transports comme les Etats-Unis avec Uber et Lyft. La question finira donc par s’imposer sur le fenua.


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